29 septembre 2012

Pierre Guariche : entre création et inovation

Afin d’inaugurer ce blog, je voulais vous parler d'un artiste qui me tient particulièrement à cœur : le designer Pierre Guariche. J'ai découvert son travail aux Puces de Saint-Ouen au cotés de Flavien Gaillard, ce qui m'a décidé à en faire mon mémoire de fin d'études. J'ai écrit sur l'ensemble de sa carrière et plus particulièrement sur sa production des années 50 que je trouve plus intéressante.

Contrairement à Charlotte Perriand, Le Corbusier ou Jean Prouvé qui vous disent forcement quelque chose, Pierre Guariche (1926-1995) reste assez méconnu du public. En effet, il fait partie de la "jeune génération" de designers qui émergent après la zone d'ombre qu'a constitué la seconde guerre mondiale.

D'abord designer et ensemblier, il sera l'un des fondateurs de l'ARP, puis après avoir été directeur artistique de la firme belge Meurop, il s'oriente vers son rêve de toujours : la décoration d'intérieure.

Après l'obtention de son diplôme à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en 1949, il entre dans l'atelier de Marcel Gascoin où il développe un goût certain pour la création d'un mobilier fonctionnel et quotidien ainsi que l'utilisation de matériaux industriels. Après avoir exposé au Salon des Arts Ménagers de 1951, il débute ses premières collaborations avec les nouveaux Éditeurs émergents, Hugues Steiner, Charles Minvielle et Pierre Disderot. Pour eux il développera toute une gamme de sièges, mobilier de rangements et luminaires.

Chaise Papyrus, Edition Steiner, 1951
 Homme de recherche, il est le premier français à utiliser la technologie de l'assise-coque. Cette technologie de pointe fut développée aux Etats-Unis par les designers Charles Eames et Arne Jacobsen à partir des années 40. L'utilisation du contreplaqué moulé permet de fabriquer une assise d'un seul tenant. La chaise Papyrus (1950) et la chaise Tonneau (1951) de Guariche en seront les premiers modèles commercialisés en France. Par la suite, il développa une gamme étendue de sièges et de fauteuils en bois et métal ainsi que de nombreuses alternatives à la chaise Tonneau

Chaise Tonneau (modèle ARP), Edition Steiner, vers 1955
De nos jours, Pierre  Guariche est essentiellement connu pour ses luminaires qui n'ont jamais cessés d’intéresser les galeristes et les collectionneurs. Ce sont actuellement les pièces les plus appréciés sur le marché de l'art.

Applique à balancier, Edition Disdeot, 1951
 Durant sa carrière, Guariche a produit un nombre considérable de luminaires : on estime qu'il a dessiné entre 30 et 40 modèles tous différents. La majorité d'entre aux ont été crées entre 1950 et 1959 pour l’Éditeur et ami Pierre Disderot. Guariche développe ses luminaires en exploitant le système danois Rotaflex et aide considérablement Disderot à développer de nouvelles utilisations techniques du métal. En effet, Pierre Guariche a grandit dans une famille d'orfèvre et a étayé ses connaissances au Lycée Breguet.
 
Equilibrium, Edition Disderot, 1951
 Ses premiers modèles sont l'applique à balancier simple (1951) et le lampadaire Equilibrium à double balancier (1952) qui font déjà preuve d'une grande dextérité technique. Effectivement, Guariche a comme souci principal de dissimuler la source lumineuse (ampoule) afin de créer un éclairage indirect, confortable et esthétique. L'aboutissement de ses recherches s’exprime sans conteste au travers de la gamme Cerf-volant (1952), véritables sculptures lumineuses.

Lampadaire Cerf-volant, Edition Disderot, 1952
L'ensemble de la carrière de Guariche sera ponctuée de grandes collaborations, marquées par le souci de créer un mobilier toujours plus fonctionnel, novateur, confortable et esthétique.

D'autres articles sur des points plus précis seront prochainement à suive...

Pour plus d'informations : 
- Catalogue de l'exposition Mobi Boom : l'explosion du design en France 1945-1975, Les arts décoratifs, Paris 2010, sous la direction de Dominique Forest. 
- Exposition à la Galerie Pascal Cuisinier, Pierre Guariche : Créateur de lumière 1950-1959, du 10 septembre au 27 octobre 2012. 

Crédits photos : Steiner et l'aventure du design, Flavien Gaillard Concept, Christie's, Madame Le Figaro.